L’Osmie ou abeille maçonne (Osmia Cornuta)

L’Osmie ou Osmia Cornuta, communément appelée abeille maçonne, fait partie de ces abeilles dites sauvages ou solitaires. Elle est la cousine la plus proche de l’abeille domestique. À la différence de celle-ci, l’abeille maçonne n’a pas besoin de vivre en communauté. Elle évolue donc indépendamment de ses semblables. De ce fait, la vie dans une ruche, ou encore la notion de la hiérarchie sont totalement inexistantes chez l’Osmie. Ci-après les points importants à savoir sur l’abeille maçonne !

Caractéristiques physiques de l’Osmie

L’Osmie appartient à l’ordre des hyménoptères. Cet ordre regroupe de nombreuses familles de petits animaux telles que les guêpes, les bourdons, et bien évidemment, les abeilles. Ces animaux ont pour caractéristiques communes deux paires d’ailes membraneuses et une paire d’antennes relativement segmentées selon le type d’animal.

Bien qu’il existe différentes familles, il est assez facile de reconnaître l’abeille maçonne. Sa tête, ses pattes, ainsi que son corps sont bien garnis en poils fins. Elle est de couleur rousse avec des rayures noires. Chez le mâle, les poils de la tête sont de couleur grise, tandis que chez sa femme, la tête est recouverte de poils de couleur noire.

Comme le mâle, la femelle est pourvue de deux antennes. Par ailleurs, celles du mâle sont segmentées. Outre cela, les deux sexes se distinguent par la présence de deux cornes placées entre les antennes et les mandibules. Celles-ci sont présentes chez la femme. Pour ce qui est de sa taille, l’Osmia mesure entre 6 et 18 mm de long environ. Le mâle est légèrement plus petit.

Dans quel type d’habitat vit-elle ?

Comme toutes les autres abeilles solitaires, l’abeille maçonne a pour habitat naturel les tiges creuses, les troncs d’arbres, etc. Les parcs, les pré-verges, les prairies, les champs, et les jardins figurent parmi les milieux propices à leur développement et à leur évolution.

Toutefois, il faut préciser que le terme « maçonne » provient surtout de la méthode que l’abeille utilise pour refermer son nid. Pour murer la niche, elle opte pour de l’argile. Plus précisément, on parle ici d’un couvercle réalisé avec de la boue.

Pourquoi les abeilles vont dans les trous ?

Comme nous venons de l’évoquer, les abeilles maçonnes aiment particulièrement installer leur maison dans des trous. Elles aiment par exemple se nicher dans les trous des châssis en bois des fenêtres. C’est d’ailleurs le cas de nombreuses abeilles sauvages. Mais alors, pourquoi un tel comportement ?

Si l’osmie cornue a pour habitude d’installer son abri dans les trous des châssis des fenêtres c’est parce qu’il n’est pas évident de trouver des tiges creuses en zone urbaine. Donc, dès qu’elle trouve un trou adapté à sa taille, et suffisamment à l’abri des intempéries, elle en fait sa nouvelle maison.

Si cette espèce choisit un trou pour installer son nid c’est en premier lieu pour protéger ses œufs. En effet, c’est dans ces trous que les femelles vont venir les déposer. Il faut donc qu’ils soient suffisamment protéger des éventuels prédateurs et des conditions météorologiques pour pouvoir mener leur développement à terme.

De fait, certains oiseaux vont ôter les bouchons de terre afin de pouvoir accéder aux cocons. C’est pour se prémunir de telles attaques que ces animaux installent leurs œufs bien cachés dans les trous.

Mode de reproduction

L’abeille maçonne est tout particulièrement connue pour son talent à construire des nids. Ainsi, pour veiller à la continuité de son espèce, l’abeille femelle réalise des trous pour y pondre ses œufs. À savoir que la galerie comporte des cellules individuelles pour recevoir et abriter chacun de ces œufs. Ensuite, la mère pose une boule de pollen comportant du nectar et du pollen sur chaque cellule pour nourrir les œufs et les futures larves afin qu’ils puissent achever leur développement.

Une fois que la cellule dispose de sa réserve de nourriture et de son œuf, elle est scellée. Et ainsi de suite, jusqu’à ce que le nid comporte une dizaine de cellules en enfilade.

À noter que les mâles sont plus près de la sortie et sortent en premier. Ils attendent ensuite les femelles pour s’accoupler, et meurent quelques temps après. Pour faciliter la sortie des mâles, les œufs femelles sont placés au fond de l’habitat.

Il faut signaler que les osmies ne s’occupent pas de leur progéniture. Grâce aux boules de pollen et de nectar présentes dans chaque cellule, les larves ont de quoi subvenir à leur besoin. Dans sa cellule, la larve va donc pouvoir se nourrir sans problème. Au cours de son développement, la larve tisse un fil de soie pour recouvrir les parois de sa cellule. Ainsi, la larve va se façonner un véritable cocon dans lequel elle pourra tranquillement vivre sa métamorphose jusqu’à l’âge adulte. À savoir que les osmies ne sortent qu’une fois adulte, généralement au printemps. Pourtant elles sont présentes sur le territoire français dès fin février dans certaines régions.

Quand sortent-elles ?

Nous l’avons brièvement mentionné dans le paragraphe précédent, les osmies sortent plus tôt. En effet elles sortent de leur période de sommeil plus tôt dans l’année. Dans certaines régions du territoire français, il est possible de les voir dès mi-mars.

De mi-mars à fin juin, l’abeille maçonne est dans ce que l’on appelle sa « période de vol ». C’est le moment au cours duquel elle se reproduit. C’est aussi le moment où elle construit ses nids pour pouvoir y pondre.

L’année suivante, de juillet à février, ces abeilles solitaires ne sont pas visibles. En effet, c’est le moment pendant lequel les osmia cornuta se développent bien cachés dans leurs cocons. Comme nous l’avons évoqué, ce n’est qu’au printemps que l’adulte sort de son cocon. D’abord les mâles (situés en premier), puis les femelles (qui dorment au fond).

Il est possible de voir des osmies partout en Europe, à l’exception des pays nordiques. Elles sont présentes sur l’ensemble du territoire français, même s’il est vrai qu’elles ont disparu de certaines régions. C’est notamment le cas dans les régions où l’agriculture intensive à l’aide de pesticides est pratiquée.

Elle est aussi présente en zone urbaine. Comme par exemple dans un jardin, dans un parc, sur un balcon….dans tous les endroits où elles trouveront des plantes pour se nourrir, et des arbres ou autres trous pour s’installer.

Vous pourrez profiter du spectacle de ces abeilles sauvages jusqu’à fin mai environ. En effet, leur espérance de vie est relativement courte. Si l’activité de l’osmia cornuta est encore assez intense en avril, cela va diminuer progressivement au cours du mois de mai. D’ici le mois de juin, la population adulte aura péri. Seule la progéniture cachée dans le trou leur survivra pour donner une nouvelle génération l’année suivante.

Comme nous l’avons évoqué, l’osmia cornuta peut se faire discrète. Sa petite taille (elle mesure environ 1.5 centimètres) lui permet de se faufiler partout. D’autant plus qu’elle est très douée pour creuser des tunnels et autres galeries. Pendant sa période de vol, il faut donc ouvrir l’œil afin de s’assurer qu’elle n’est pas en train de creuser dans le châssis de vos fenêtres !

Est-ce que les abeilles maçonnes piquent ?

Nous venons de le voir, l’abeille maçonne se plaît en zone urbaine, que ce soit dans votre jardin, sur votre balcon ou dans le châssis de vos fenêtres. Alors faut-il se méfier ? Les osmies piquent-elles ?

Comme la plupart des abeilles solitaires, l’abeille maçonne n’est pas agressive. En effet, elle ne va pas s’attaquer à l’homme juste pour le « plaisir » de piquer. Toutefois, si elle se sent menacée ou agressée, alors c’est une tout autre histoire !

Ce n’est pas parce que ce sont des abeilles dites solitaires qu’elles ne vont pas défendre leurs congénères. Si vous apercevez une nuée d’abeilles aux alentours d’un hôtel à insectes par exemple, ce sont sûrement les mâles qui attendent leurs dulcinées pour s’accoupler.

Si vous ne les dérangez pas, et que vous leur laissez suffisamment de place pour la parade nuptiale, alors vous éviterez une attaque. Or, si vous vous approchez de trop près pendant cette période cruciale, vous risquez de vous faire attaquer.

Pour rappel, la femelle est celle qui pique. Vous ne vous ferez jamais piquer par les mâles (qui d’ailleurs ont une espérance de vie plus courte).

Toutefois, il est important de préciser que cet animal se laisse généralement facilement approcher. Contrairement à sa cousine dont la piqûre est douloureuse, le dard de l’osmie est inoffensif. Le dard est d’ailleurs très fin, et a beaucoup de mal à percer la peau. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faut s’approcher sans prendre de précaution !

Comment s’en débarrasser ?

Vous avez découvert un essaim dans votre jardin ou dans le cadre de vos fenêtres ? Il est compréhensible que vous souhaitiez vous en débarrasser. Cependant, les abeilles sont en danger, pourtant elles sont cruciales pour la préservation de la biodiversité. En effet, ce sont de formidables pollinisateurs.

Alors même si elle ne produit pas de miel, elle n’en reste pas moins un auxiliaire de jardin indispensable. Nous allons donc vous donner quelques conseils pour vous en débarrasser sans que cela leur soit nocif.

La première chose à faire est de leur fournir un abri alternatif. Si vous ne voulez pas qu’elles nichent dans le châssis de vos fenêtres, vous devez leur fournir un autre endroit où loger. Pour ce faire, vous pouvez par exemple installer un hôtel à insectes dans un coin de votre jardin.

Vous pouvez aussi installer un nichoir (ou plusieurs). Il est très simple de fabriquer vous-même votre nichoir avec des blocs de bois percés ou encore des bottes de tiges creuses. Pour attirer facilement vos futures locataires, placez votre nichoir en hauteur (à 1 ou 2 m) dans un lieu protégé des intempéries.

Maintenant que vous leur avez fourni un endroit où dormir, il faut leur donner de quoi se nourrir. Pour les éloigner de votre maison, vous pouvez planter des bandes de fleurs diverses afin de leur offrir une belle quantité de nectar.

Si vraiment vous n’arrivez pas à vous défaire du nid et qu’elles continuent à s’approcher trop près de votre logement, faites appel à un professionnel. Vous pouvez par exemple contacter un apiculteur de votre région qui se fera un plaisir de venir les récupérer.

Dans l’idéal, plutôt que de chercher à se débarrasser de l’abeille maçonne, il est conseillé de l’inciter à nicher ailleurs. Comme nous l’avons évoqué à plusieurs reprises, c’est un animal essentiel dans la préservation de la biodiversité.

L’abeille maçonne, un agent incontournable de la pollinisation

À la différence de sa cousine l’abeille domestique, elle commence la pollinisation très tôt dans la saison. Elle fait partie de ces petits animaux qui visitent les jardins et les prairies en premier. Sachez que l’Osmia Cornuta, qui est très résistante, est capable de voler pendant au moins 14 h afin d’assurer son rôle de pollinisateur.

En commençant le travail plus tôt, dès le mois de mars, l’osmia cornuta pollinise les premières fleurs des arbres fruitiers. Ce qui permet de s’assurer de la réussite de la future récolte. De plus, l’abeille maçonne pollinise les fleurs que les autres ne « touchent» pas. Ainsi, elle complète le travail de l’abeille domestique. D’ailleurs certaines fleurs ne sont pollinisées que par les abeilles solitaires.

Ainsi, elle participe à la floraison des fleurs et des plantes, ainsi qu’à la fructification des arbres fruitiers. En effet, l’abeille maçonne est particulièrement efficace pour polliniser des arbres fruitiers.

Cela s’explique par la présence d’une « brosse ventrale » sur l’abdomen des femelles. Ces longs poils raides sur l’abdomen leur permettent de transporter d’importantes quantités de pollen. C’est d’ailleurs ce qui leur permet de constituer rapidement les boules de pollen et de nectar qui serviront à nourrir les larves.

C’est pour toutes ces raisons qu’il est important de préserver toutes les espèces d’abeilles. En effet, comme nous venons de le voir, chacune joue un rôle bien précis. Et toutes sont importantes pour préserver la diversité de la flore, et pour augmenter la productivité des vergers et des potagers.